La lactatémie, le taux de lactate dans le sang, est l’équilibre entre la production de lactate et la clairance, ou utilisation, du lactate (Brooks, G A. , 1985).
Ainsi, le lactate qu’on observe dans le sang représente ce qui reste de sa production. On ne peut pas savoir exactement la quantité de lactate produite par les muscles ni la quantité de lactate utilisée. De plus, il faut considérer le décalage dans le temps entre l’intensité de l’exercice et la lactatémie. Lorsque vous prélevez un échantillon de lactate à l’oreille ou au doigt, il y a un décalage dans le temps car l’échantillon n’est pas prélevé à la source du muscle qui travaille.
La lecture sur un analyseur de lactate nous indique la différence entre la rapidité avec laquelle le lactate est produit et consommé, et non s’il est produit en premier lieu.
Pourquoi la lactatémie augmente
Si la lactatémie augmente, cela signifie que la production dépasse la consommation. Et inversement si la lactatémie diminue. Au deuxième seuil, la plus haute intensité permettant un état stable, la production de lactate est égale ou légèrement supérieur à l’utilisation (augmentation maximale de 1 mmol/litre pour 20min d’effort).
Qu’est ce qui influence la production et l’utilisation du lactate ?
Intensité et production du lactate
La production et l’oxydation des lactates, ce qu’on observe en mesurant la lactatemie, sont influencées par l’intensité de l’exercice.
À basse intensité, l’énergie est presque entièrement dérivée de la filière oxydative via la dégradation des graisses ou des glucides. La production d’énergie à partir de la filière oxydative étant plus lente que celle de la filière glycolytique, à mesure que l’intensité de l’exercice augmente, une plus grande proportion d’énergie est générée à partir de la filière glycolytique, ce qui entraîne un taux de production de lactate plus élevé (Ferguson, Brian S et al., 2018).
De plus, selon le principe de taille du recrutement des unités motrices, à mesure que l’intensité augmente, nous recruterons de plus en plus de fibres musculaires de type II. Les fibres de type II sont principalement glycolytiques. Par conséquent, le recrutement des fibres de type II implique une augmentation de la production de lactate (Ivy et al. 1980 ; Armstrong 1988).
L’utilisation du lactate
L’utilisation du lactate dépend de la capacité oxydative des muscles (Holloszy et al., 1977 ; Davies et al., 1982 ; Holloszy & Coyle, 1984 ; Gregg et al., 1989).
Ce processus s’améliore par l’entrainement via une augmentation de l’activité enzymatique de la LDH, une amélioration de l’efficacité des navettes du lactate (les MCT) et une meilleure densité et fonction mitochondriale (Glancy, Brian et al. , 2021). En d’autres termes, un meilleur transport du lactate, une meilleure transformation du lactate en pyruvate, et des mitochondries plus performantes, permettent de mieux utiliser le lactate.
Mieux utiliser le lactate impliquera une lactatémie plus faible sur tout le spectre des intensités. Les athlètes d’endurance les plus performants ont souvent une lactatémie plus faible que la moyenne aux différents seuils, par exemple 2 mmol/litre de lactate au deuxième seuil. En comparaison, la moyenne est à environ 4 mmol/litre de lactate au deuxième seuil.
Une meilleure utilisation du lactate favorisera une épargne des réserves de glycogène ainsi qu’une épargne du glucose et des acides gras circulant. En conséquence, mieux utiliser le lactate permet d’être plus endurant.
En résumé, à des intensités d’exercice de plus en plus élevées, les taux de production de lactate commencent à dépasser la vitesse à laquelle ils peuvent être éliminés, entraînant une augmentation exponentielle des taux de lactatemie.
Interpréter une lactatémie faible
Une lactatémie plus basse à une certaine intensité n’est pas forcément une bonne chose. Sur le long terme ça peut être signe de progression, sur le court terme, c’est plutôt signe de fatigue.
En effet, à long terme une lactatémie plus faible est signe d’une meilleure utilisation du lactate ou d’une moins grande contribution glycolytique donc moins de lactate produit. À court terme, c’est signe d’un glycogène épuisé et/ou d’une difficulté à utiliser les glucides, conséquence d’une fatigue avancée. Le lactate serait même un des meilleurs marqueurs de surentrainement (Urhausen, Axel, and Wilfried Kindermann., 2002).
Attention aussi aux interprétations concernant l’utilisation des substrats.
La lactatémie n’est que l’équilibre entre la production et l’utilisation du lactate.
Ainsi, une lactatémie faible peut être le signe d’une faible production et/ou d’une grosse utilisation du lactate. Une lactatémie élevée peut être le signe d’une grosse production et/ou d’une faible utilisation du lactate.
Seulement avec la lactatémie, on ne peut donc pas estimer la répartition d’utilisation des substrats (glucides, lipides etc…). Et l’athlète avec la lactatémie la plus élevée n’est pas forcément celui qui produit le plus de lactate.
Faire ses tests lactate
Le test le plus fiable et le plus simple à mettre en place pour mesurer vos seuils 1 et 2, planifier de l’entrainement spécifique et suivre vos progrès est le test lactate.
Cette formation est le fruit de plusieurs années d’expérience et est ainsi un vrai guide pratique pour mettre en place votre premier test.
Toute la méthode est expliquée dans notre cours en ligne : https://formation.cyclisme-performance.com/lactate-expert-la-methode-complete-de-testing